Créé en 2022 par Stéphanie Perret, coordonnatrice du dispositif de la Cité Educative, l’atelier compte aujourd’hui une vingtaine de fidèles. Le plus jeune ayant 5 ans. Quant à l’animation, Alain Baranowski, enseignant à la retraite, adjoint à la commune et surtout passionné d’échecs transmet son expérience acquise depuis l’enfance « J’ai toujours joué aux échecs. Lorsque j’étais enseignant, à l’école Aragon-Triolet, j’animais déjà un atelier à la pause de midi » L’engouement pour les échecs, de retour en ville, a vite attiré son public. Le jeu d'échecs est une activité à la fois intellectuelle, ludique et sportive, qui permet de développer des compétences diverses chez ceux qui le pratiquent, notamment des facultés telles que la mémoire, le raisonnement logique, la capacité d'abstraction, l'analyse de problème et la mise en œuvre de stratégies de résolution. L’anticipation est un élément crucial qui différencie les bons joueurs des grands. Aux échecs, l'anticipation fait référence à la capacité de prévoir le prochain mouvement de son adversaire et de planifier un contre-mouvement en conséquence. Cela nécessite une combinaison de réflexion stratégique, de reconnaissance de formes et d’analyse psychologique. L'anticipation n'est pas seulement importante aux échecs mais aussi dans la vie. Toutes ces règles sont initiées chaque semaine, notamment dans la répétition des parties « Je leur enseigne le déplacement des pièces, la prise c’est-à-dire prendre une pièce à son adversaire. Il faut savoir bien débuter une partie, mener sa stratégie mais également bien finir une partie. Il faut avoir une vision d’ensemble de l’échiquier et bien sûr du jeu» précise Alain. Pour briller dans cette discipline, il faut être à la fois concentré mais surtout endurant. Ces qualités cochent toutes les cases de nos échiquistes avionnais.
Entre histoire et légende
S'il semble attesté que le jeu d'échecs a vu le jour en Inde vers le 6e siècle de l'ère chrétienne, son origine a donné lieu à de multiples légendes. « Jeu des rois, roi des jeux », résume l’expression désormais consacrée qui rappelle que, au Moyen Âge et aux siècles suivants, les échecs constituent le divertissement de nombreux rois et empereurs, Philippe II d’Espagne et Charles V notamment. Un roi, une légende des échecs, Avion en a vu une passer. Viktor Kortchnoï, russe et grand maître international, fut un des dix meilleurs joueurs du monde. Alain Baranowski se souvient de sa venue pour une rencontre simultanée avec 50 joueurs. Le jeu d’échec a aussi une longue histoire dans notre commune. Début des années 70, les échecs deviennent une activité enseignée à l’école Joliot Curie. Un cercle échéphile y est créé « La fuite du Roy ». En 1972, dans le cadre de la fête des écoles, une partie d’échec géante a lieu au stade municipal du parc de la glissoire. Les enfants de CE2 étaient déguisés en roi, reine, cavalier, pion… De nombreux championnats intercercles ont eu lieu notamment au centre culturel Fernand-Léger. A cette époque, on joue partout aux échecs y compris dans les cafés. Au milieu des années 2000, un club d’échecs officiait au Familia. Après une longue absence, les échecs font leur retour à Avion. Et le fou du Roi vous tend les bras.
Le cercle échéphile "La fuite du Roy"
Mohammed rêve d’être le roi des échecs
Mohammed a 8 ans. Sur les conseils de sa mère, il découvre pour la première fois les échecs en septembre 2022. Venu avec son frère, ils avaient effectué un essai. Le jeune garçon avait, à cette époque, déjà un emploi du temps bien rempli avec une foule d’activités à son actif. Théâtre, arts plastiques, danse, football qui ne lui permettait pas de s’engager pleinement dans l’apprentissage des échecs. Ce jour-là, lors de sa première prise de contact avec l’échiquier, il avait eu la sensation qu’il voulait en savoir plus. A la rentrée 2023, il renoue avec l’atelier d’échecs où cette fois-ci, il va apprendre, dénouer les mécaniques, en venant tous les mercredis. « Alain a commencé à m’apprendre la fonction de toutes les pièces. J’ai fait ma première partie et j’ai vraiment beaucoup aimé » précise le jeune garçon Mohammed se laisse gagner par le jeu. Lui qui aime les mathématiques trouve dans l’apprentissage de cette nouvelle discipline, de bonnes raisons de développer une multitude de compétences, en particulier la stratégie « Le fait qu’il faille beaucoup réfléchir et faire des stratégies, ça me plaît beaucoup » explique le petit échiquiste. Concentré, posé devant les pièces de l’échiquier, Mohammed est face à son adversaire. Mentalement, il élabore sa tactique « Avant de jouer, je regarde quelle pièce va utiliser mon adversaire et j’essaie d’analyser sa stratégie ». Avec plus d’apprentissages, l’avionnais aimerait participer à des compétitions. Son père qui l’a accompagné ce jour-là jauge l’évolution de son garçon après des mois de pratique « Il est beaucoup plus posé et beaucoup plus réfléchi depuis qu’il joue aux échecs ». A la maison, nous dit le père de Mohammed, il lit des livres sur le jeu et regarde des vidéos de grands champions sur internet. Peut-être qu’une graine de champion est en train d’émerger.
Le grand échiquier du collège Rousseau
Les échecs ont le vent en poupe et notamment dans certains établissements scolaires. Au collège Rousseau, un club d’échecs existe depuis 4 ans. Il compte 50 élèves dans ses rangs, soit 10% des effectifs du collège. Pour la première fois, l’établissement avionnais a organisé sur une journée un tournoi amical d’échecs. Dans le hall, une centaine d’élèves venus d’écoles de Sallaumines, de collèges d’Arras et de Lens ainsi que du lycée Picasso se sont mesurés les uns aux autres. Rachel, qui est élève de 5ème à Rousseau vient spontanément exprimer sa joie « C’était une journée incroyable ! » s’exclame-t-elle. A la question : pourquoi s’enflamme-t-elle pour ce jeu. Rachel réponds en deux temps « Il y a beaucoup de stratégie ». Cela a des répercussions sur son attitude et ses résultats « Je suis plus concentrée depuis que je joue. Et j’ai des meilleures notes en classe ». Il est à noter que plusieurs pays qui ont mis en place l'enseignement des échecs à l'école primaire, ont ainsi constaté une nette augmentation du niveau de leurs élèves, comme en Allemagne. D'autres l'Arménie, le Mexique, l'Inde ou encore la Chine - ont même rendu la matière obligatoire.
Atelier d’échecs –Mercredi de 16 à 18 h au centre culturel Fernand-Léger
Renseignements : 07.67.31.45.30